Louis-Claude d’Aquin (1694-1772) est un compositeur français du dix-huitième siècle, c’est-à-dire l’époque baroque, plus exactement pré-classique.
Son vrai nom est d’Aquino ; tout comme Jean-Baptiste Lully au siècle précédent, il l’a modifié pour gommer ses origines italiennes (en France on adorait tout ce qui venait d’Italie ; mais porter un nom italien soi-même c’était mauvais pour le business).
Comme beaucoup d’autres grands compositeurs (comme Mozart ou Scarlatti), c’est avant tout un instrumentiste virtuose, et ce dès son plus jeune âge, puisqu’on dit qu’il joua pour le Roi (Louis XIV) à l’âge de six ans !
S’il gagna sa vie avant tout grâce à l’orgue (il fut organiste dans toutes les églises les plus prestigieuses de Paris), c’est un petit morceau pour clavecin que je vous propose de (re)découvrir : Le Coucou.

Vous pouvez télécharger la partition au format PDF ici, et en écouter une version synthétique ici.
(Tous les documents que je vous présente ici sont extraits de l’archive musicale Werner Icking, dont je vous reparlerai à l’occasion.)
Survolons le Coucou
Petit survol rapide (je n’ai jamais joué ni fait travailler cette oeuvre).
On a là une écriture typiquement destinée au clavecin : aucune nuance, aucune liaison (tous ces artifices existent déjà à l’époque, mais ne deviendront incontournables qu’au XIXe siècle, avec l’invention du piano et l’époque romantique).
Au passage, n’essayez même pas de lier les croches de la main gauche (et plus loin de la main droite) : elles doivent toutes être jouées détachées — d’ailleurs, à l’époque le clavecin n’était guère capable de jouer legato.
Le motif du « cou-cou » est donné à la main gauche, sur accompagnement de la main droite : une disposition bien plus originale que l’inverse.
Le morceau est en mineur (en Mi mineur). On note d’ailleurs que le motif est construit avec une tierce mineure (trois demi-tons), contrairement au motif standard de type « boîte à coucou » qui se joue sur une tierce majeure1. Il s’agit, de toute façon, d’une tierce descendante : un coucou qui monte n’est plus un coucou.
Enfin, pour les amateurs d’harmonie, notons la marche harmonique descendante aux mesures 5, 6, 7, 8 : ces mesures sont exactement identiques, mais on descend d’une note à chaque fois2.
Messages
20 mars 2010, 10:54, par bameylan
J’ai eu maintes fois le plaisir de jouer ce petit bijou, et même sans le pouce... ce n’est pas si difficile que ça, et cela vous réajuste d’un coup d’un seul... le tempo ! Cette pièce est jouée la plupart du temps beaucoup trop vite, et de ne pas se servir de son pouce oblige à prendre un tempo plus lent ce qui oblige à des effets qui ne sont pas mentionnés dans la partition mais qui sont automatiques ; un seul exemple : vous verrez que de jouer la main droite sans pouce vous obligera à lier les notes par 2 (à partir de la deuxième double croche) ce qui donne un très joli contraste avec la main gauche qui, elle, se joue détaché.
Bernard
1er juillet 2010, 10:49, par natsaka
J’ai passé le bac musique avec ce morceau. Il ne dure pas trop longtemps (il faut penser aux autres élèves qui attendent leur tour) sa mécanique tout en simplicité est idéale.
C’est un peu le morceau fétiche de la famille.. Nat.